Pour un renouveau : créer une société de confiance

Un des principaux enseignements des débats politiques de ces derniers mois est certainement la demande de confiance qui émane de la part des citoyens. Ce besoin est d’autant plus important chez les Entrepreneurs PME-ETI qui, pour le développement de leurs entreprises sur les territoires, ont besoin d’être libérés et s’affranchir des lourdes contraintes.  

La recherche de boucs émissaires et celle du conflit sont très ancrées en France. Nous avons en effet tendance à préférer la culture du pire et de la critique qui détruit de la valeur et qui conduit au nivellement vers le bas plutôt que la culture du compromis.

L’analyse de P. Cahuc et Y. Alan dans La société de défiance (2008) expliquait ce degré élevé de défiance et d’incivisme dans nos relations sociales par la conjugaison de l’étatisme et du corporatisme, héritée du compromis social et politique conclu après la Seconde Guerre mondiale, marquant ainsi une rupture avec la IIIème République.

Dans ces conditions, la confiance envers les citoyens et notamment les Entrepreneurs PME-ETI n’émerge pas naturellement car l’Etat risquerait ainsi d’en perdre le contrôle et, par là même, de fragiliser la structure étatique et ses corps intermédiaires.

Alors, face aux recettes du passé qui n’ont pas fonctionnées, pourquoi la France ne ferait-elle pas enfin confiance à ses citoyens-entrepreneurs, en les considérant comme des adultes autonomes dans le cadre du vivre-ensemble ?


La confiance par l’approche collaborative et la voie contractuelle

La confiance ne se décrète pas. Elle n’a de sens que si elle sort des discours pour s’incarner dans l’action.

Ainsi, cessons de nous plaindre, de demander à être protégés ! Sinon, il est très simple pour les pouvoirs publics de récupérer nos doléances et de réglementer encore et toujours ! Conséquence : nous créons malgré nous une société sur-réglementée qui induit la multiplication de taxes et impôts et qui conduit à l’immobilisme.

Il faut dès à présent mettre en œuvre un changement d’ère culturel pour enrichir la pluralité et la diversité, fondé sur le collaboratif, c’est-à-dire des relations basées sur l’ouverture aux autres, l’écoute réciproque, le dialogue et les échanges, avec enfin la recherche et la co-construction de solutions communes.

 

La confiance dans les acteurs de l’économie réelle

Pour traduire cette confiance, il faut libérer les Entrepreneurs PME-ETI des contraintes et de la multiplication des normes juridiques et fiscales, caractéristique du système français. Les entreprises ont besoin de visibilité, de stabilité et de simplification administrative pour pouvoir investir et créer des emplois. Dans ces conditions, il convient de privilégier la voie contractuelle fondée sur la confiance réciproque qui s’inscrit dans la durée et qui responsabilise les parties prenantes.

Pour optimiser les chances de succès, l’Entrepreneur a également besoin de la confiance de toute la collectivité. Il est donc crucial de réhabiliter dans la société le rôle contributeur de l’Entrepreneur PME-ETI indépendant qui prend personnellement des risques et incarne un modèle de développement économique humaniste, se caractérisant par : une forte proximité entre le dirigeant et son équipe, un ancrage territorial, une vision de long terme et une préférence pour l’investissement plutôt que pour le dividende.

Faire confiance aux entrepreneurs PME-ETI relève de la logique : implantés dans l’économie réelle, ce sont eux qui créent la richesse et vitalisent nos territoires. Les PME en France sont la principale source de croissance, emploient plus de 85 % des salariés du secteur privé et sont à l’origine de 80 % des emplois créés ces vingt dernières années.

Et si elles jouent un rôle économique certain, les PME ont aussi un rôle sociétal légitimant davantage encore la confiance qui doit leur être accordée. En effet, par leur enracinement local, leur engagement éthique, pérenne et authentique, les PME sont naturellement RSE et inscrivent leur action dans une démarche d’amélioration continue.

 

La confiance : acte de réciprocité à généraliser

En regard, l’Entrepreneur doit également faire confiance à ses collaborateurs qui ont le savoir-faire du terrain en permettant le décloisonnement horizontal dans la communauté que forme l’entreprise. Une PME se caractérise par sa dimension humaine. L'Entrepreneur sait, en effet, que l'humain est décisif pour la compétitivité et que la réussite d'un projet dépend de son équipe, car seul l'Homme est créateur de valeur !

De surcroît, il faut aussi faire confiance à nos décideurs publics et politiques dont une des premières missions est d’améliorer l’environnement des citoyens et de faciliter les conditions d’exercice des entrepreneurs : éducation, formation, solidarité, sécurité publique, gestion efficiente des services aux populations, efficacité fiscale.

C’est enfin faire confiance aux clients qui permettent les développements à venir. N’oublions pas que nous sommes tous clients et fournisseurs des autres. Notre destin est lié. Nous devons donc répondre aux attentes en ayant bien sûr la maîtrise de nos prix, « prix dignes », qui nous assurent à tous une juste rémunération et permettent de répercuter nos coûts.

En définitive, appliquer une règle simple et de bon sens : faire confiance dans les citoyens et les Entrepreneurs. Faire confiance dans leur capacité à trouver des solutions ensemble, à inoculer le progrès et la prospérité en les libérant et en les rendant autonomes. Les bénéfices seront communs pour notre rayonnement et reprendre notre destin en main.

 

Dominique Amirault, Président, FEEF

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